1 Juillet 2009

STEREO : une tempête solaire en 3D

Des scientifiques américains et européens ont pu étudier pour la 1ere fois une tempête solaire en 3D et suivre sa propagation jusqu’à la Terre. A l’origine de cette performance : les 2 sondes jumelles STEREO de la NASA.

3 juillet 2009

Un angle de vision idéal

« C’est vraiment la 1ere fois que l’on est capable de reconstituer une éjection de masse solaire en 3D, commente Jean-Louis Bougeret, directeur du Laboratoire d'études spatiales et d'instrumentation en astrophysique (1). Cette projection de matière solaire dans l’espace, structurée par le champ magnétique interplanétaire, est en forme de croissant français comme disent nos amis américains. »

Lancés en 2006, les 2 satellites de la mission STEREO accompagnent la Terre dans sa course : le premier la précède, le second la suit.

Chaque année, les 2 sondes s’écartent de 22° l’une de l’autre. Aujourd’hui, elles forment un angle de 90° avec le Soleil, autrement dit un angle idéal pour observer, de côté, les tempêtes solaires qui se dirigent vers la Terre et les reconstituer en 3D.

C’est ainsi que la 1ere explosion solaire a pu récemment être modélisée. « Comme nous sommes au début du cycle solaire, il y a moins d’une éjection de masse solaire par jour. C’est un avantage car les phénomènes n’interagissent entre eux, et il est plus facile d’étudier leur forme et leur évolution », souligne Jean-Louis Bougeret.

Mieux prévoir les tempêtes solaires

Pourquoi les scientifiques s’intéressent de si près aux sautes d’humeur du Soleil ? Parce que certains flux de particules solaires projetées en direction de la Terre sont susceptibles de perturber les communications radios, d’endommager les satellites et les réseaux électriques.

Pour en savoir plus sur ces éjections, STEREO a été équipé de 4 instruments.

Des équipes scientifiques françaises, soutenues par le CNES, ont participé à la réalisation de 3 d’entre eux : SECCHI (2), essentiel pour « photographier » les tempêtes solaires, S/WAVES qui permet de suivre la propagation de ces phénomènes dans l’espace, et enfin IMPACT (3) qui étudient les particules in situ.

Jean-Louis Bougeret a, par ailleurs, été désigné comme investigateur principal de l’instrument S/WAVES : « Il est assez exceptionnel d’avoir un responsable français sur une sonde de la NASA, reconnaît-il. Cela signifie que nos compétences, en France, sont mondialement reconnues. »

A terme, les scientifiques aimeraient mieux anticiper l’ampleur, la direction de propagation et les effets des tempêtes solaires afin de prévenir d’éventuels dégâts au niveau des systèmes technologiques dont notre civilisation dépend.

Mais déjà, les données récoltées par STEREO alimentent un réseau international de « météo de l’espace ».

 

 

(1) Laboratoire d'Etudes Spatiales et d'Instrumentation en Astrophysique, UMR-8109 Observatoire de Paris/CNRS
(2) Institut d'Astrophysique Spatiale, laboratoire Charles Fabry
(3) Centre d'Etude Spatiale des Rayonnements

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