27 Décembre 2006

L’odyssée de l’espèce reconstituée par la technologie spatiale

Qu’avaient de commun les différentes lignées d’hominidés qui ont précédé l’espèce humaine ? C’est pour répondre à cette question que le 20 février dernier, 2 crânes fossiles ont été placés dans un scanner initialement conçu pour la médecine spatiale, XtremeCT. Une démarche scientifique inédite dont les premiers résultats sont présentés aujourd’hui. À quelques millimètres sous la surface de nos dents se cache une zone frontière entre 2 tissus, l’émail qui donne au sourire sa blancheur, et la dentine, qui forme le support de l’émail. Cette frontière présente des caractéristiques à peu près constantes à l’intérieur d’une même espèce, car elles sont codées génétiquement.
8 mars 2007
On comprend donc l’intérêt d’étudier cette interface pour distinguer, parmi un ensemble de fossiles très anciens, les héritiers d’un patrimoine génétique commun. L’objectif est de préciser les positions relatives de chacune des différentes lignées d’hominidés sur l’arbre généalogique de l’espèce humaine, donnée cruciale si l’on veut percer un jour le mystère de nos origines.

Les 2 espèces étudiées par le scanner XtremeCT. La première, Australopithecus africanus, a plus de 2 300 000 ans. La seconde, correspondant aux premiers hommes, a moins de 2 300 000 ans. Crédits : José Barga.

Analyser sans détruire

Jusqu’à présent, lorsqu’on souhaitait étudier la limite entre dentine et émail, il fallait réaliser des coupes de dent. Mais cette méthode était naturellement destructrice pour les fossiles. Grâce à un scanner développé afin de surveiller la déminéralisation du squelette dans l’espace, XtremeCT, il est aujourd’hui possible d’avoir accès à ces informations sans endommager l’échantillon.


Reconstitution 3D : Crédits José Braga
XtremeCT : Crédits CNES/MEDES

Une caractéristique indispensable lorsque les fossiles en question sont des pièces uniques. « Les crânes que nous avons pu étudier à Toulouse avec Xtreme CT sont des pièces exceptionnelles, puisqu’il s’agit des 2 seuls fossiles d’australopithèques au monde à présenter une dentition complète » confirme José Braga, le professeur d’anthropologie à l’initiative de cette étude inédite.

XtremeCT, une technologie spatiale qui a de l’avenir

Le scanner XtremeCT a été développé sur des fonds CNES, ESA et Union Européenne dans le cadre d’un projet européen d’étude de la qualité osseuse.
Si les agences spatiales y voient surtout un moyen de surveiller l’état du squelette de leurs spationautes après un séjour dans l’espace, la santé publique a elle aussi tout à y gagner. La technologie de XtremeCT pourrait en effet permettre à terme une détection précoce de l’ostéoporose en réalisant de véritables « biopsies virtuelles » de l’os.
Efficace à la fois pour le décryptage du passé le plus reculé et la prévention d’une maladie qui touche la moitié des femmes de plus de 60 ans, XtremeCT s’annonce d’ores et déjà comme un outil des plus utiles aux sciences du vivant.

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