24 Juillet 2014

100 m de résolution sur le noyau

Les images prises le 20 juillet par la caméra OSIRIS-NAC ont une résolution de 100 m par pixel et les grandes structures de la surface du noyau de la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko deviennent peu à peu perceptibles. Pour une raison encore inexpliquée, la zone de jonction entre les 2 lobes semble plus claire que le reste de la surface.
24 juillet 2014

La surface se précise

Plus Rosetta approche du noyau, plus la forme et la surface de celui-ci se précisent et plus les questions surgissent. Quoi de plus normal alors que nous découvrons un nouveau monde, un corps céleste qui n’avait jamais été observé avec autant de détails par des êtres humains.

Après l’immense surprise de la forme double du noyau, voilà que les dernières images de la caméra OSIRIS-NAC semblent mettre en évidence une zone bien plus claire que le reste de la surface au niveau de la jonction entre les 2 lobes du noyau. Pourquoi ?

Personne ne le sait encore comme le résume Holger Sierks (Max Planck Institute for Solar System Research (MPS), Allemagne), le Principal Investigateur de la caméra OSIRIS : « La seule chose dont nous sommes sûrs à ce point est que la région du cou apparaît plus brillante que la tête ou le corps du noyau ». Holger Sierks fait référence ici aux différentes parties du noyau qui ont été comparées par certains au corps et à la tête d’un canard en caoutchouc.

Cette zone plus claire pourrait découler de la composition ou la granulométrie des matériaux qui se trouvent là, mais elle pourrait également n’être qu’un effet visuel provoqué par la topographie tellement étrange du noyau.

Une ressemblance avec 103P Hartley ?

Malgré la résolution encore faible des images du 20 juillet, le communiqué de presse du MPS fait référence à l’aspect du noyau de la comète 103P Hartley, qui a été survolé le 4 novembre 2010, à moins de 700 km, par la sonde Deep Impact lors de la mission EPOXI (NASA). Très allongé, en forme de « cacahuète », le noyau de 103P Hartley montre en effet une zone beaucoup plus lisse que les extrémités, qui forme une sorte de bande en surface autour du centre de masse de ce petit corps.

D’après les chercheurs, certains des matériaux émis à proximité du Soleil pourraient se redéposer naturellement autour du centre de masse et créer progressivement cette zone plus claire. Mais ce n’est qu’une hypothèse et la plus forte réflectivité de la surface pourrait aussi témoigner d’une composition différente. Dans quelques semaines, les scientifiques espèrent disposer des 1eres données spectrales de cette région et pouvoir ainsi déterminer la nature des matériaux présents.

Toujours plus proche

Le mercredi 23 juillet, Rosetta a mené à bien une nouvelle manœuvre de freinage et sa vitesse relative par rapport au noyau de la comète est à présent de 3,5 m/s, soit 12,6 km/h. En fin de journée, elle se trouvait à près de 3 500 km du noyau et près de 403,5 millions de km de la Terre. Le temps de communication avec Rosetta est actuellement proche de 22 minutes et 26 secondes.

Les prochaines manœuvres seront réalisées lors de la phase finale d’approche du noyau, entre le 3 et le 6 août. Elles permettront à Rosetta de se placer à une centaine de km de celui-ci à la vitesse relative de 1 m/s, soit 3,6 km/h, la vitesse d’un marcheur tranquille.

Au cours des semaines suivantes, la distance entre Rosetta et le noyau sera progressivement diminuée, mais les équipes qui gèrent ces manœuvres doivent attendre d’en savoir plus sur la masse du noyau, l’intensité de son champ gravitationnel et son éventuel dégazage. Si les conditions sont jugées satisfaisantes, Rosetta pourrait s’approcher jusqu’à 10 kilomètres de la surface du noyau, voire encore plus près pour larguer le module Philae cet automne.

*The scientific imaging system OSIRIS was built by a consortium led by the Max Planck Institute for Solar System Research (Germany) in collaboration with CISAS, University of Padova (Italy), the Laboratoire d'Astrophysique de Marseille (France), the Instituto de Astrofísica de Andalucia, CSIC (Spain), the Scientific Support of the European Space Agency (The Netherlands), the Instituto Nacional de Técnica Aeroespacial (Spain), the Universidad Politéchnica de Madrid (Spain), the Department of Physics and Astronomy of Uppsala University (Sweden), and the Institute of Computer and Network Engineering of the TU Braunschweig (Germany). OSIRIS was financially supported by the national funding agencies of Germany (DLR), France (CNES), Italy (ASI), Spain (MEC), and Sweden (SNSB) and the ESA Technical Directorate.

 

Rosetta est une mission de l’ESA avec des contributions de ses États membres et de la NASA. Philae, l’atterrisseur de Rosetta, est fourni par un consortium dirigé par le DLR, le MPS, le CNES et l'ASI. Rosetta sera la première mission dans l'histoire à se mettre en orbite autour d’une comète, à l’escorter autour du Soleil, et à déployer un atterrisseur à sa surface.