9 Février 2017

[ENTRETIEN] Retour sur les débuts d'une plateforme pleine de PEPS !

Vincent Garcia, responsable d'exploitation et Mireille Paulin, chef de projet, ne sont pas les parents de PEPS, mais ils l’ont tout de suite adoptée. Au féminin, car qui dit plateforme, dit petite fille ! Après presque 18 mois d’existence, ils reviennent sur les événements marquants depuis sa naissance et sur ses futurs progrès !
1/ Pouvez-vous en quelques mots raconter la naissance de PEPS et ses objectifs ?

Mireille Paulin : Tout a commencé en 2014 avec la décision de l’Union Européenne de distribuer librement les données Sentinel de Copernicus à tous. Pour la France, le CNES encouragé par la Commission Européenne a décidé sur fonds propres de rediffuser ces données en attendant que L’ESA – en charge de la dimension spatiale en Europe - puisse répondre à l’importante demande des utilisateurs aussi bien en matière d’accès que de traitement des données. 

La Plateforme d’Exploitation des Produits Sentinel (plus connue sous le nom de PEPS) a ainsi vu le jour dès septembre 2015. Ses principaux objectifs : proposer au plus grand nombre un maximum de données de la Terre vue de l’espace peu de temps après leur acquisition par le satellite. Mais aussi des services complémentaires et du traitement  « co-localisé » de ces données complexes et souvent lourdes à stocker et à analyser pour des petites structures. Tout un programme !

2/ Un peu plus d’un an après sa naissance, pouvez-vous citer quelques chiffres importants sur son développement ?

Vincent Garcia : A l’heure actuelle, PEPS, c’est :

  • 1 équipe d’une dizaine de personnes qui travaille sur le projet depuis son lancement en 2014
  • 1 400 comptes utilisateurs avec la création d’environ 100 nouveaux comptes par mois
  • 4 téraoctets de données par jour, mises à disposition des utilisateurs
  • 7 peta-octets (1Po= 1 million de giga-octets) stockés à date, l’équivalent de plus de 420 ans d’histoire du CNES en termes de données spatiales !
  • Plus d’un million de produits en base (1 produit Sentinel 2 = plusieurs « images » d’une même zone correspondant à des longueurs d’onde différentes, ainsi que les métadonnées liées au produit (date, zone…)
  • Seulement 60 demandes d’aide de support technique en 1 an, ce qui prouve sa simplicité d’utilisation

Cette plateforme s’est principalement fait connaître par le bouche à oreille jusqu’à présent. Grâce à des prises de parole externes de la part d’intervenants du CNES, ou encore via des visites physiques des locaux à Toulouse.  C’est dire son potentiel si on communiquait à plus grande échelle !

3/ Au regard de ce beau début de parcours, PEPS a-t-elle atteint ses objectifs ? Dans quels champs d’application peut-elle encore progresser selon vous ?

VG et MP : Nous sommes en bonne voie, tous les satellites Sentinel ne sont pas encore lancés, mais les 4 premiers sont déjà  sur PEPS, 90% des données publiées par l’ESA sont disponibles moins de 3H après sur la plateforme, pour servir au plus vite les besoins des utilisateurs. Et courant 2017, les données de 2 autres satellites viendront compléter les collections du catalogue.

La suite de la croissance de PEPS, c’est de permettre aux petites structures de venir analyser les données récoltées, le tout au sein du CNES. Mettre à disposition toujours plus de données  et donner la priorité à leur traitement. (cf. exemples en encadré 2)

Enfin, développer la promotion de ce service auprès d’utilisateurs potentiels et répondre à leur demande de formation, pour les aider à optimiser l’utilisation de ces données dans leurs activités au quotidien.


Qu'est-ce que PEPS ?

La Plateforme d’Exploitation des Produits Sentinels (PEPS) permet de rechercher, sélectionner et télécharger les données issues du radar SAR de Sentinel-1A, avec un faible délai de mise à disposition. Les données haute résolution de l'imageur optique de Sentinel-2A, ainsi que les données moyenne résolution de l'imageur grand champ et de l'altimètre de Sentinel-3A sont aussi disponibles. D'ici quelques mois, PEPS offrira également à ses utilisateurs la possibilité de traiter les données en ligne (corrections atmosphériques, synthèses mensuelles…) afin d'éviter un stockage local trop important.

Développée au sein du CNES Toulouse, la plateforme PEPS évoluera en 2020 vers un système intégré au niveau européen impliquant les industriels du Big Data et du Cloud, car l'enjeu dépasse le cadre spatial et se tourne vers la structuration d’un nouvel écosystème de l’information numérique géo-localisée.
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PEPS en quelques dates

  • Date de lancement de PEPS : septembre 2015

  • Date de mise à disposition du service européen de l’ESA : horizon 2018

  • Date de continuité de service PEPS avant la bascule sur le service ESA : horizon 2020


3 champs d’action de PEPS

  • A partir de données Sentinel 2, détection des changements côtiers pour l’identification de constructions illégales sur le littoral italien. Réalisé par la société ACRI  dans le cadre d’un partenariat

  • A partir de données Sentinel 1, détection et prévision de zones avec des vents localement forts, en partenariat avec la société Exwexs

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Jérôme Gasperi, fondateur de SnapPlanet Crédits : Léo CHADOUTAUD

PEPS vu par un utilisateur
Jérôme Gasperi, fondateur de SnapPlanet : « Je snap donc je suis ! »

« Mettez la Terre dans votre poche ! », c’est la promesse de l’application SnapPlanet. Le 1er réseau social de l’observation de la Terre est disponible sur l’Apple Store depuis février 2017. Le concept selon son fondateur ? « Le principe d’Instagram, avec une perche à selfie, à 700km d’altitude ».

Et PEPS dans tout ça ?
« C’est la base ! En effet, l’application se fonde sur la mise à disposition d’images Sentinel, disponibles au départ grâce à la plateforme PEPS ! Sans PEPS, pas de SnapPlanet donc. L’avantage de l’utilisation de PEPS est l’accès simple et gratuit à la donnée, indispensable pour un réseau social qui se veut réactif. »

Une application à découvrir et à télécharger de toute urgence
 
A noter :
SnapPlanet a remporté l’ESA App Challenge 2016 dans le cadre des Copernicus Masters.
Jérôme Gasperi a été à l’initiative technique de PEPS et a bénéficié de la politique d’essaimage du CNES pour créer SnapPlanet.
L’essaimage est une démarche active du CNES, qui vise à favoriser la création d'entreprise par ses salariés, dans ce cas précis, grâce à une application innovante qui valorise une technologie du spatial..

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