28 Juin 2019

[Catastrophes] Comment le spatial se mobilise pour les zones dévastées

Permettre aux sécurités civiles du monde entier de s’appuyer sur les données spatiales en cas d’urgence absolue, telle est l’ambition de la Charte internationale « Espace et catastrophes majeures ». Un dispositif de solidarité internationale qui a fait ses preuves plus de 600 fois depuis 2000.
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Identification par Pléiades des habitations détruites (carrés rouges) après le passage de l’ouragan Matthew sur la ville des Cayes (Haïti) en octobre 2016 Crédits : EMS Copernicus / CNES. Distribution Airbus DS

Le 19 mars 2019, en réponse aux inondations dramatiques qui frappaient l’Indonésie, la Charte internationale « Espace et catastrophes majeures » était activée pour la 600e fois. 

Ce dispositif créé en 2000 par le CNES, l’ESA et l’Agence spatiale canadienne réunit aujourd’hui 17 agences spatiales qui s’engagent à fournir gratuitement et le plus rapidement possible des images satellites et de la cartographie associée aux responsables des secours dans les zones touchées par des catastrophes. 

Lorsqu’une demande d’activation est estimée éligible, les agences concernées programment leurs satellites et les premières images sont disponibles en moins de 24h.

Claire Tinel, représentante du CNES auprès de la Charte.

Une vision globale pour gérer l’urgence

L’objectif est de faciliter la réponse immédiate et l’organisation des secours face à des dégâts matériels ou humains très importants. Cela permet par exemple d’identifier les zones les plus touchées par un tremblement de terre, les routes coupées, de connaître l’étendue d’une inondation ou d’un incendie, ou encore de repérer les regroupements de population pour acheminer de l’eau potable et de la nourriture. 

L’intervention se concentre sur la gestion de l’urgence, sur une durée comprise entre 10 jours et au maximum 4 semaines.  

La Charte activée 40 fois chaque année

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Comparaison AVANT/APRES d’un lotissement de Paradise. A gauche : image aérienne Google Earth avant la catastrophe, à droite : image capturée le 17/11/2018 par un de nos 2 satellites Pléiades. Crédits : Google 2018 / CNES 2018, Distribution Airbus DS.

En moyenne la Charte est activée une quarantaine de fois chaque année. Dans plus de 75% des cas, il s’agit d’événements liés à des aléas hydrométéorologiques (inondations, tempêtes, cyclones, feux de forêt, glissements de terrain).

On s’attend à voir la proportion de ce type d’événements augmenter encore dans les années à venir en raison du réchauffement climatique. Il n’y a pas plus de catastrophes, mais il s’agit de phénomènes plus intenses

poursuit Claire Tinel.

Si la Charte peut être activée dans n’importe quel pays, seuls des utilisateurs autorisés peuvent en faire la demande. Il s’agissait à l’origine des pays dont les agences spatiales sont membres de la Charte et de programmes des Nations Unies, mais depuis 2012, un Accès Universel a été créé sous conditions d’éligibilité.

La présidence française de la Charte, d’octobre 2018 à mai 2019, avait d’ailleurs fait de ce sujet un axe de travail prioritaire, permettant à 8 nouveaux pays d’en bénéficier : Soudan, Ghana, Eswatini (ex-Swaziland), Tunisie, Afrique du Sud, Thaïlande et Haïti. Au total, 68 pays ont désormais la possibilité d’activer la Charte, dont 27 par l’Accès Universel.

Dans les pays européens, c’est le programme EMS (Emergency Management Service) Copernicus qui a pris le relais de la Charte depuis 2014.

 

Le rôle du CNES

Membre fondateur de la Charte internationale « Espaces et catastrophes majeures », le CNES en est aussi un contributeur majeur par l’intermédiaire des satellites Pléiades, SPOT-6 et SPOT-7. Sur la période octobre 2018-mai 2019, 50% des cartes de dégâts produites dans le cadre de la Charte ont été réalisées grâce à des images Pléiades. 

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