23 Janvier 2020

[Actu] Return Link : quand les balises de détresse envoient un accusé de réception

Programme international de Search and Rescue – Recherche et Sauvetage – créé en 1988, Cospas-Sarsat a été un véritable succès. En 30 ans, 48 000 personnes ont été sauvées. Aujourd’hui, le système se dote d’une nouvelle fonctionnalité : le Return Link – Lien Retour – permettant aux personnes ayant émis un signal de détresse de recevoir un accusé de réception de leur appel à l’aide. Une innovation made in CNES.

Quel est le point commun entre le naufragé en pleine mer, le randonneur tombé dans un ravin et le rescapé d’un crash d’avion en pleine forêt ? Tous ont intérêt à avoir à proximité une balise de détresse, dont le signal est relayé grâce au programme Cospas-Sarsat !

Cospas-Sarsat, une coopération internationale au long cours

Fonctionnement du système de sauvetage par satellites Cospas-Sarsat. Crédits : CNES.

Cospas-Sarsat, qui a fêté ses 30 ans en 2018, a été lancé par 4 pays : la France, le Canada, les Etats-Unis et la Russie. L’objectif ? Mettre en place un système global pour la recherche et le sauvetage de personnes en détresse, partout dans le monde. Le fonctionnement est simple : lorsqu’une personne est en situation de détresse, elle active sa balise. Le signal est relayé par satellites jusqu’à des stations qui reçoivent, localisent et envoient l’information au centre de sauvetage le plus proche. Pari réussi pour Cospas-Sarsat puisqu’aujourd’hui 38 pays participent au projet – en tant que fournisseurs de segments sols (antennes) ou de charges utiles (éléments qui permettent de relayer le signal sur les satellites) - et 2,2 millions de balises sont actives dans le monde entier !

Démonstration d'hélitreuillage organisée par la Sécurité Civile au CNES de Toulouse à l'occasion des 25 ans du système Cospas-Sarsat. Crédits : CNES/E. Grimault.

Le système de sauvetage par satellites Cospas-Sarsat a été lancé en 1988 par la France, le Canada, les Etats-Unis et la Russie. Crédits : CNES.


SAR/Galileo, la montée de version du service

A ses débuts, Cospas-Sarsat reposait sur des satellites en orbite basse (LEO - Low Earth Orbits) ou en orbite géostationnaire (GEO – Geostationnary Earth Orbits). L’inconvénient ? « Les LEO défilent autour de la Terre, et il pouvait donc y avoir une latence de plusieurs heures entre l’envoi et la réception du signal. A l’inverse, les GEO ont toujours la même position au-dessus de la Terre, donc ils reçoivent le signal tout de suite mais sont incapables de le géolocaliser » explique Chiara Scaleggi, cheffe de projet SAR/Galileo au CNES. 2 problèmes de taille lorsqu’il s’agit de lancer une mission de sauvetage ! C’est ainsi qu’en 2016, le système est passé sur du MEO - Medium Earth Orbits.

Aujourd’hui, 24 satellites ont une charge utile SAR qui relaie les signaux Cospas-Sarsat, ce qui a permis une réelle amélioration du service

« L’Europe s’est engagée à mettre des charges utiles SAR (Search and Rescue) sur les satellites Galileo. » D’où le programme SAR/Galileo. « Aujourd’hui, 24 satellites ont une charge utile SAR qui relaie les signaux Cospas-Sarsat, ce qui a permis une réelle amélioration du service », précise Chiara Scaleggi. Beaucoup plus rapide et précis, la réception du signal et la localisation des personnes en détresse prend désormais entre 1 et 10 min, pour une localisation précise au km près !

Chiara Scaleggi, cheffe de projet SAR/Galileo au CNES. Crédits : CNES/E. Martin.


Return Link : l’accusé de réception venu du ciel

Auparavant, lorsque l’utilisateur activait sa balise, il ne se passait rien. Il fallait juste espérer que la balise fonctionne et attendre… Maintenant, grâce au Return Link (RLF), un signal visuel s’allume pour indiquer que l'activation a bien été reçue ! Cette nouvelle fonctionnalité, on la doit aux équipes du CNES qui travaillent sur le projet depuis 2017. « Nous avons été en charge de la définition technique et opérationnelle du dispositif, du suivi du développement et de la validation du système avec de fortes exigences de sécurité, » précise Maxime Fontanier, chef de projet RLF. A ce titre, le CNES a joué un rôle clé dans l’accréditation « Sécurité physique et Système d’Information » nécessaire à la connexion du système avec le segment sol de mission Galileo.

Panoplie de balises de détresse Cospas-Sarsat. Crédits : CNES.

[...] nous avons activement participé aux activités de validation et de démonstration vis-à-vis de la communauté internationale Cospas-Sarsat

Autre défi ? Obtenir le consensus de tous les partenaires du programme Cospas-Sarsat. « En tant qu’opérateur et hébergeur du service SAR/Galileo, nous avons accompagné la GNSS Space Agency et la Commission Européenne à la préparation de la mise en service du lien retour, et nous avons activement participé aux activités de validation et de démonstration vis-à-vis de la communauté internationale Cospas-Sarsat », conclut Maxime Fontanier.

Le rôle du CNES

Depuis 2016, nous garantissons la fourniture du service SAR/Galileo pour le compte de la Commission européenne et de la GNSS Space Agency, l’agence de la Commission Européenne en charge de la gestion de Galileo. Le SAR/Galileo Service Centre est localisé dans nos locaux à Toulouse, où les moyens de coordination et de supervision sont installés.

Dans ce cadre, les équipes du CNES assurent de multiples missions :
-    le maintien en conditions opérationnelles du segment sol SAR Galileo,
-    la coordination des opérations et de la maintenance en lien avec les sites des antennes de poursuite des satellites (Svalbard en Norvège, Maspalomas aux Canaries, Chypre),
-    le suivi des performances du système complet (Bord et Sol),
-    le suivi des standards qui évoluent régulièrement et le développement de solutions.
Nous fournissons également notre expertise à la Commission européenne et à la GNSS Space Agency sur l’amélioration du système et ses évolutions.  

Le saviez-vous ?

Le CNES est maintenant en charge de l’exploitation de ce lien retour (maintien en conditions opérationnelles et de sécurité, collecte des indicateurs de performance). Nous devons en assurer une disponibilité à plus de 95% au profit de la Commission Européenne et de la communauté internationale des utilisateurs du SAR.

Le CNES de Toulouse abrite le Centre de contrôle de mission français (FMCC) de Cospas-Sarsat et le SAR/Galileo Service Centre. Crédits : CNES/F. Maligne.

C'est pour quand ?

La diode lumineuse n’existe que sur les nouvelles balises, qui seront bientôt commercialisées. Le service en lui-même est gratuit et global pour tout utilisateur possédant une balise de détresse Sarsat. Quant à de possibles futurs échanges entre la personne en détresse et les secours : « C’est au cœur des discussions, mais ce n’est pas encore pour tout de suite ! »