27 Mai 2014

Sentinel-1A observe la fonte des glaciers

A peine installé sur son orbite, Sentinel-1A dirigeait son radar vers les glaciers de l'île du Pin et de Thwaites. Situés en Antarctique-Ouest, ces géants de glace régressent de manière préoccupante depuis des décennies.
Crédits : ESA.

New-York a du souci à se faire. Les mesures effectuées entre 1992 et 2011 par les satellites européens ERS-1 et ERS-2 sont peu rassurantes : 6 glaciers en Antarctique-Ouest fondent de manière accélérée. 6 glaciers, pas de quoi s'inquiéter ? Sauf que ces 6 gaillards contribuent déjà pour environ 1/10e à l'élévation du niveau des mers. S'ils fondent entièrement, ils pourraient conduire, à eux seuls, à une hausse de 1,2 m du niveau des océans. En 20 ans, le glacier Thwaites a déjà reculé de 14 km.

« Leur disparition est inexorable. Même si elle va prendre au moins 100 ou 200 ans, elle ne peut pas s’arrêter » indique Eric Rignot, chercheur français qui travaille depuis plus de 25 ans au laboratoire JPL (Jet propulsion laboratory) de la NASA et auteur principal de l'étude publiée le 12 mai dernier dans Geophysical Research Letters. Et d'ajouter au noir scénario : « il est probable que leur disparition entraînera la disparition d'autres plaques de l’Antarctique-Ouest avec une hausse totale des niveaux des mers de 3 à 5 m. »

La cause de cette fonte magistrale ? Le réchauffement des eaux proches des glaciers mais aussi la topographie de l'Antarctique dans sa partie occidentale. Ces 6 glaciers de la mer d'Amundsen ne reposent pas entièrement sur un lit rocheux mais étalent de longues langues flottantes devant eux. Ces langues masquent les lignes de transition exacte où les glaciers perdent « pied » avec la terre ferme, des lignes appelées lignes d'échouage que les satellites ERS-1 et ERS-2 ont permis de localiser avec une grande précision.

Comment ? En mesurant les mouvements verticaux des surfaces au mm près grâce aux instruments embarqués : alors que les langues flottantes montent et descendent au gré des marées, les glaces reposant sur la terre ferme ne bougent pas. Les chercheurs ont ainsi observé que les lignes d'échouage se retiraient à l'intérieur du continent depuis 1991 et ce de plus en plus vite. Or dans cette zone de l'Antarctique, le lit rocheux est à une hauteur inférieure au niveau de la mer et devient même encore plus profond a l’intérieur du continent. Rien n'arrête donc le recul des glaciers.

A la retraite depuis 2000 et 2011, les satellites ERS-1 et ERS-2 ne permettent plus de suivre ces lignes. Tous les espoirs sont dorénavant tournés vers Sentinel-1A lancé le 3 avril dernier et son frère jumeau, Sentinel-1B dont le décollage est prévu en 2016. « Les satellites Sentinel-1 vont permettre de suivre les lignes d'échouage de manière annuelle et même mensuelle ce qui n'a jamais été possible dans le passé. Ce serait un grand saut en avant pour la glaciologie. Les données ERS-1 et ERS-2 pour la zone étudiée ne concernaient que 6 hivers entre 1992 et 2011 » souligne le chercheur, plein d'espoir dans les potentialités du programme européen Copernicus dédié à l’observation de la Terre.

Pour en savoir plus :