25 Avril 2014

Sentinel-1A : des débuts en orbite agités !

Le saviez-vous ? Le satellite Sentinel-1A a manqué de rentrer en collision avec un engin fantôme de la NASA et a dû être manœuvré, 34h après sa mise en orbite !
Crédits : ESA.

Le 12 avril, soit 9 j après son lancement, Sentinel-1A a pris sa 1ere image radar au-dessus de Bruxelles. Mais cette image a failli ne jamais être acquise : le satellite américain ACRIMSAT a manqué de percuter le satellite européen d'observation de la Terre. Une éventualité qui a donné des sueurs froides aux équipes du Centre européen des opérations spatiales (ESOC) basé à Darmstadt, en Allemagne. Flash back sur un scénario digne d'Hollywood.

Jeudi 3 avril, 18h02 (heure de Kourou), 23h02 (heure de Paris) : Sentinel-1A s'élance de Guyane à bord d'une fusée Soyouz. Pour l'Europe, ce lancement est tout sauf « un tir de plus » : Sentinel-1A est le 1er satellite du programme européen Copernicus dédié à l'observation de la Terre. 7 autres satellites seront lancés d'ici à 2020. Un déluge de données et d'applications sont attendues.

Jeudi 3 avril, 18h25 (heure de Kourou), 23h25 (heure de Paris) : le satellite se sépare de l'étage supérieur du Soyouz et se place sur une orbite polaire à 684 km d'altitude, légèrement en dessous de l’orbite visée à 693 km d'altitude mais dans une marge d'erreur admissible.

Vendredi 4 avril : Sentinel-1A déploie sans encombre ses 2 ailes solaires longues de 10 m et son antenne radar de 12 m. Cette étape cruciale aura duré 10 h.

Vendredi 4 avril, fin de journée à Darmstadt : une alerte est reçue. Risque grave de collision avec le satellite ACRIMSAT. Lancé en 1999, ACRIMSAT a fini sa mission et est à court de carburant : ses 115 kg ne peuvent plus être manœuvrés. C'est donc à Sentinel-1A de se déplacer... Mais le satellite est encore en phase d'activation ou, dans le jargon, en « LEOP » (Launch and Early Orbit Phase). Pas le choix, il faut préparer le satellite et accélérer l'activation des différents systèmes, notamment sa propulsion...

Vendredi 4 avril, 21h (heure de Darmstadt), 19h (UTC) : la menace se précise. Si rien n’est fait, les 2 satellites passeront à 20 m l’un de l’autre. Un risque impossible à prendre. Une manœuvre anti-collision doit être programmée et en urgence : la 1ere rencontre est prévue dans moins de 13h, à 9h43 (UTC) le lendemain. Il faut accélérer les mises en route des systèmes ! Le satellite doit être en mode de pointage nominal, c'est-à-dire stabilisé.

Samedi 5 avril, 6h33 (heure de Darmstadt), 4h33 (UTC) : les commandes de changement de trajectoire sont envoyées à Sentinel-1A via les antennes paraboliques de la station de Kiruna, de la station norvégienne de Svalbard et d'une 3e station située en Alaska.

Samedi 5 avril, 7h14 (heure de Darmstadt), 5h14 (UTC) : la propulsion à bord de Sentinel-1A s'allume comme prévu pendant 39 sec. Le satellite descend de 50 m... Le voilà donc sur une orbite en dessous de ACRIMSAT. Un léger changement d'altitude qui suffit à éloigner le risque d'une collision. Mais l'équipe de nuit de l'ESOC ne le sait pas encore car Sentinel-1A est toujours en silence radio... Lors de son passage suivant au dessus du pôle sud, le satellite rentre en contact avec la station terrestre de TrollSat, située en Antarctique. Un grand « ouf !» de soulagement inonde alors la salle de contrôle de l'ESOC : la manœuvre a réussi !

Focus sur l'image principale : La 1ere image acquise par Sentinel-1A a été réalisée au dessus de la région de Bruxelles. Le zoom met en avant la capitale belge, siège de la Commission européenne. Les couleurs vertes correspondent à la végétation, le rouge, le bleu et le blanc aux zones urbaines. Les cours d'eau et les zones de faible réflexion telles que les pistes de l'aéroport apparaissent en noir.


Vidéo du lancement de Sentinelle-1A réalisée avec des caméras placées sur la fusée Soyouz. Elles permettent de voir le décollage, la séparation des différents étages et la mise en orbite du satellite. Crédits : Arianespace/ESA/Roscosmos.

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